«Je n’ai pas été élu pour augmenter les impôts», affirmait encore Nicolas Sarkozy, en mars 2009, lors d’un déplacement en province. A quatre mois du premier tour de la présidentielle, c’est un argument que le président de la République ne pourra plus utiliser. Car le mandat du chef de l’Etat s’achève sur un festival de hausses d’impôts. Après deux plans de rigueur dégainés à deux mois d’intervalle à l’automne, les mesures fiscales ont fini par ratisser large. TVA, impôt sur le revenu, sur les sociétés, taxes diverses, droits de succession, CSG, prélèvements libératoires, contribution sur les hauts revenus… Il y en aura pour tout le monde.
Au total, 16,4 milliards d’euros de nouvelles recettes sont attendus en 2012 pour les finances publiques, dont les deux tiers (10 milliards) seront supportés par les seuls ménages. Du coup, le taux de prélèvements obligatoires atteindra 44,8% du PIB français en 2012, son plus haut niveau depuis 2001. Il devrait même exploser - avec 45,8% en 2015 et 46% en 2016 - le record de 1999 (45,5%), détenu par Lionel Jospin… Et ce, alors même que Nicolas Sarkozy avait exprimé, en début de mandat, son intention d’abaisser les prélèvements de quatre points…
Fumeurs.
La plupart des ménages seront avant tout touchés par le relèvement de la TVA à taux réduit, de 5,5% à 7%, sur la plupart des produits, dont le rendement attendu en 2012 sera de 1,8 milliard d’euros (lire ci-contre). Seconde hausse généralisée : l’impôt sur le revenu, dont les barèmes seront gelés deux années de suite. Ce qui représente une hausse de plus de 2% pour les contribuables imposables l’année prochaine. Gain pour l’Etat : 1,6 milliard en 2012, et 3,2 milliards en 2013. La CSG sera également appliquée à 98% des revenus salariaux, contre 97% jusqu’ici (600 millions d’euros). Quant aux fumeurs, amateurs d’alcools forts et de sodas, ils renfloueront la collectivité, via de nouvelles taxes, à hauteur de 1,2 milliard.
Cotisations.
La fiscalité et les prélèvements sociaux sur les revenus du capital sont aussi alourdis de 2 milliards d’euros. Pour les très hauts revenus, une contribution exceptionnelle de 3% au-dessus de 250 000 euros par an et de 4% au-dessus de 500 000 euros devrait rapporter 200 millions. Comptez également sur un nouveau coup de rabot général sur les niches et sur la suppression de quelques-unes d’entre elles. Bonus, enfin, pour les fonctionnaires, qui connaîtront une nouvelle augmentation de leurs cotisations retraites en 2012.
Au final, selon l’Insee, «les impôts versés par les ménages progresseraient de 3% au premier semestre 2012». Une hausse qui aura un impact direct sur le pouvoir d’achat des Français, puisque celui-ci baisserait de 0,1% dans les six prochains mois (après avoir connu une hausse de 0,6% au deuxième semestre 2011), et surtout de 0,4% par unité de consommation (en prenant en compte la composition des ménages).
Le pire, c’est que ces mesures pourraient ne pas suffire. Censés ramener le déficit public de la France à 4,5% du PIB l’année prochaine et à 3% en 2013, ces efforts risquent de se révéler insuffisants au regard de la faible croissance qui nous attend.