mardi 14 avril 2015

Les nouveaux programmes scolaires bousculent le collège

Après les rythmes scolaires, l’éducation prioritaire, le collège… c’est une réforme majeure que la gauche engage sur le terrain de l’école : celle des programmes, censée entrer en vigueur à la rentrée 2016. Une « refonte » de l’école qui ne se limite pas à sa forme, mais s’ancre dans les contenus enseignés. C’est ce à quoi s’était engagé l’ex-ministre de l’éducation nationale Vincent Peillon, en 2013, en chargeant un conseil supérieur des programmes (CSP) de repenser tous les savoirs de la scolarité obligatoire de 6 à 16 ans.
Un an et demi plus tard, l’instance indépendante rend sa copie. La première version, remise à la ministre de l’éducation, Najat Vallaud-Belkacem, le 10 avril, que Le Monde a pu consulter, bouleverse bien des repères. Fini les programmes par année et par discipline, avec leur succession de chapitres. Fini le « prêt-à-enseigner » trop lourd, trop encyclopédique, qu’on dit impossible à boucler à temps. C’est un fil conducteur pour trois ans − la durée d’un « cycle » dans le jargon de l’école −, et mêlant toutes les matières, dont les professeurs disposeront dorénavant. L’un couvre la période du CP au CE2. L’autre est à cheval sur l’école primaire et le collège ; il comprend le CM1, le CM2 et la 6e. Le dernier va de la 5e à la 3e.

Maîtriser le français, une priorité

Dans chacun de ces cycles, ce n’est pas ce qui doit être enseigné par le professeur entre les mois de septembre et juin qui est mis en avant, mais ce que les élèves doivent avoir appris au terme des trois années. « La maîtrise des langages, et notamment de la langue française, est la priorité » du cycle CP-CE2, peut-on lire dans le document. Le cycle suivant a une « double responsabilité » : « consolider les apprentissages fondamentaux » et « permettre une meilleure transition » entre le primaire et le collège. A partir de la 5e, l’élève s’est familiarisé avec l’organisation et les rythmes du collège. Il continue à construire ses compétences, sa citoyenneté, son projet d’orientation.
Le programme à la française a-t-il vécu ? On amorce en tout cas un virage que la plupart de nos voisins − Italie, Finlande, Royaume-Uni, etc. −, ont déjà pris : celui des « curricula ». Dans ces pays, on livre aux équipes une sorte de trame nationale, qui fixe les objectifs à atteindre. A elles d’y mettre de la chair et des contenus, de définir une progression en fonction du rythme de leurs élèves.
Dans les nouveaux programmes par cycle, des « repères de progressivité », année après année, sont néanmoins donnés. Ce peut être, en anglais, l’accent mis sur l’oral au CP et CE1 − « connaître quelques mots familiers », « savoir se présenter » −, avant l’entrée dans l’écrit, en CE2. En histoire-géographie, « on se centre, au CP, sur l’espace et le temps vécus de l’enfant » (son quartier, son école), avant d’aborder des périodes et des milieux plus lointains.

En histoire-géographie, le choix a été fait de ne pas s’émanciper de l’approche chronologique – « simple et parlante pour les élèves », note M. Lussault. Les programmes entendent donner des repères historiques à partir de grandes dates,de grands personnages. « Mais on a aussi fait une large place à l’histoire sociale et culturelle », explique M. Lussault. A côté des thèmes obligatoires, des sujets laissés au libre choix des enseignants, comme, dans le cycle 5e-3e, les empires byzantin et carolingien, le monde vers 1500 ou encore « les femmes au cœur de sociétés qui changent ».
Sur les sujets prompts à enflammer l’opinion – le « genre », les faits religieux, la laïcité… –, le conseil supérieur des programmes ne s’est pas étendu. Reste à savoir ce que diront les enseignants de ces projets de programmes qui doivent leur être soumis avant l’été.

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