Les vacances, c’est fini pour les 12 millions d’élèves mais aussi leurs profs. Parmi ces derniers, 15 000 « bleus » feront le saut dans l’inconnu, n’ayant reçu aucune formation sur le terrain.
Plus de 12 millions de réveils sonnent ce matin le glas des vacances. Comme à chaque rentrée, il y aura des petits qui pleurent devant les maternelles, des préados qui abordent le collège la boule au ventre et des lycéens à qui on a seriné qu’ils passaient maintenant « aux choses sérieuses »… Face à eux, plus de 850 000 profs retrouvent leurs salles de classe, avec l’inévitable trac du premier jour.
Pour plus de 15 000 d’entre eux, c’est même plus qu’une boule au ventre : reçus aux concours cet été, tout juste sortis de la fac, ils se retrouvent, sans formation pratique, à plein-temps devant des classes. Une première qui affole syndicats et parents. Décryptage.
Une année charnière. « Nous sommes une génération sacrifiée », soupire l’un de ces jeunes profs. L’année scolaire 2010-2011 se trouve en effet à la charnière entre deux systèmes. Jusqu’ici, les reçus aux concours (Capes ou professeurs des écoles) intégraient des instituts de formation des maîtres (IUFM). En tant que stagiaires, ils se retrouvaient en alternance devant des classes (huit heures par semaine) et à l’IUFM. A partir de l’an prochain, quand la réforme dite de la mastérisation lancée par le gouvernement entrera en vigueur, les profs seront recrutés à bac + 5 au lieu de + 4, avec des formations professionnelles qui doivent encore être mises en place dans les universités.
Des tuteurs, mais pas pour tous. Les 6 500 profs qui débarquent en primaire auront jusqu’à la Toussaint un tutorat rapproché : un maître formateur va les coacher, en classe avec eux ou en les rencontrant une fois par semaine. Pour les 8 300 stagiaires qui atterrissent à plein-temps au collège ou au lycée, ce sera plus délicat. Tous n’auront pas le tuteur prévu sur le papier. Soit que ces derniers aient refusé par principe, comme les y invitait le Snes, principal syndicat du second degré. Soit qu’ils n’en aient pas le temps. Certains ne sont même pas dans le même bahut que leur « stagiaire » !
Une classe ? Jamais vu. Quand on passe le Capes, on peut tout savoir des sonnets de Shakespeare, mais intéresser 30 adolescents plus ou moins remuants aux verbes irréguliers, c’est autre chose. Si les IUFM ont été souvent critiqués, ils permettaient d’apprendre des ficelles pour construire un cours « et découvrir la réalité du métier de façon moins brutale », jugent les enseignants. Dans les académies, où même les inspecteurs, habituellement silencieux, ont manifesté leur désarroi, on a monté à la hâte des formations d’une journée, à deux jours de la rentrée, pour initier les bleus à la prise en main d’une classe. Un pis-aller, dénoncent les syndicats.
Tiendront-ils ? « Combien de ces jeunes, seuls devant leur classe dix-huit heures, vont exploser en vol ? » s’alarme Christian Chevalier, au SE-Unsa. « Je crains qu’on ne dépasse largement les 3 % de démission habituels », soupire le directeur de l’IUFM de Créteil, académie réputée difficile. Les stagiaires doivent tout de même avoir quelques sessions de formation en cours d’année, dont la fréquence et le calendrier varieront selon les académies. Une certitude : en l’absence des stagiaires, il y aura… des remplaçants !
- blog privé informatif et infos nationales. Infos, météo, emploi, bourses , locales et nationales - Rédacteur : Dominique Bellet (DOM)
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