mercredi 17 mars 2010

Refus de vacciner contre la fièvre catarrhale : le procès repoussé

Belle mobilisation pour accompagner deux éleveuses d'ovins viande convoquées hier.

Réunis au pied du tribunal d'Auch, entre banderoles, sonnailles de cloches et pique-nique, quelque cent cinquante agriculteurs et sympathisants venus de toute la région, de Lozère, Creuse ont soutenu hier Brigitte Baron et Marie-Hélène Tarrieux. Ces deux agricultrices gersoises, éleveuses d'ovins viande, devaient passer devant le tribunal de proximité pour « refus de vaccination » contre la FCO (fièvre catarrhale ovine).

L'affaire a été renvoyée car le ministère public a demandé un supplément d'information dont devrait être chargée la direction des services vétérinaires.

Les deux agricultrices recevront une nouvelle convocation devant le tribunal. Hier, le cortège a gagné la préfecture où il a transmis une motion au préfet qui recevra une délégation demain. L'an dernier, ces deux agricultrices ont refusé de vacciner leurs troupeaux contre la FCO, préférant mettre en place des démarches alternatives.

Immunité naturelle

« La DSV (direction des services vértérinaires) a appliqué la loi : elle a transmis les dossiers des éleveurs qui n'avaient pas vacciné » résume Christian Ponticelli, du Gabb 32 (groupement des agriculteurs biologiques et biodynamiques), « le ministère public a décidé de poursuivre ou non ». Une dizaine d'agriculteurs gersois n'avaient pas vacciné mais elles sont les deux seules à avoir été envoyées devant la justice.

« Attention, on n'est pas contre la vaccination » prévient Marie-Hélène Tarrieux, « mais nous sommes pour la liberté de choix ». Ces vaccinations obligatoires ne nuisent pas à la certification bio mais soulèvent d'autres problèmes : confiance du consommateur, innocuité du vaccin et surtout le désir de développer l'immunité naturelle des animaux.

« Des pays comme la Suisse, l'Allemagne s'y intéressent », ajoute l'éleveuse, « là on voit qu'elle se construit petit à petit ». En 2008, Marie-Hélène Tarrieux avait demandé aux services vétérinaires une dérogation à la vaccination moyennant un suivi sanitaire de son troupeau, ce qui lui avait été refusé. « Nous avons mis en place un protocole homéopathique avec un suivi par des vétérinaires du centre de la France », ajoute-t-elle, poursuivant : « En 2009, nous avons été une dizaine à nous regrouper et à faire la demande avec le Gabb ».

Puis cette année, le ministère a établi un protocole qui autorise les éleveurs à déroger à la vaccination. Mais il ne satisfait pas les éleveuses, tout d'abord parce qu'il est coûteux, de l'ordre de 50 € par bête estiment-elles. Ensuite il prévoit une vaccination de tout le troupeau si un cas de FCO apparaît. Comment alors sélectionner naturellement des souches résistantes, demandent-elles.

Ce procès devait être le premier en France. Une même affaire sera jugée vendredi à Sélestat, en Alsace. Des poursuites se profilent dans d'autres départements dont le Tarn-et-Garonne. Autant d'affaires que Me Chambaret, l'avocat toulousain des deux Gersoises, va suivre de près.

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