mercredi 11 novembre 2009

"Maudite soit la guerre" ...


La statue de bronze représente un enfant en blouse et sabots brandissant un poing serré vers la stèle où l'on peut lire sous les noms des morts: "maudite soit la guerre".

"Maudite soit la guerre", proclame le monument aux morts de Gentioux, dans la Creuse, rendez-vous traditionnel des pacifistes dénonçant l'absurdité des guerres à l'occasion de la cérémonie du 11 novembre.

Erigé en 1922 à l'initiative d'un maire qui avait été gazé dans les tranchées, le monument de Gentioux, un village perché sur le plateau de Millevaches, doit réunir mercredi, comme chaque année depuis 1988, des opposants à toute forme de guerre, après la cérémonie patriotique traditionnelle organisée par la mairie.

"Le monument de Gentioux est, par sa sobriété, particulièrement explicite", considère Régis Parayre, qui anime la fédération creusoise de la Libre pensée à l'origine de la manifestation pacifiste.

Ce monument atypique n'a jamais été inauguré officiellement en raison de l'inscription stigmatisant la guerre.

Un préfet de la Creuse avait en 1989 proposé de l'inaugurer mais exigeait que la phrase soit recouverte d'une plaque "Gloire aux enfants de Gentioux morts pour la France". Ce que le conseil municipal refusa. La petite histoire raconte également que les soldats du camp militaire voisin de La Courtine avaient ordre de détourner la tête lorsqu'ils passaient devant le monument.

L'enfant aux sabots de Gentioux est cependant inscrit depuis 1989 à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques au titre des lieux de mémoire. Il reste pour la Creuse un symbole fort de ce que fut la Première guerre mondiale: avec 11.000 morts pour 56.000 mobilisés, le département a payé un lourd tribut.

Quelque 200 pacifistes sont attendus mercredi à l'appel de la Fédération de la libre pensée, du Mouvement pour la paix, de l'Union pacifiste, de la Ligue des droits de l'homme, de la Fédération anarchiste et de l'ARAC (Association républicaine des anciens combattants). Certaines années, plus d'un millier de personnes sont venues à Gentioux pour dénoncer l'absurdité des guerres.

"Cette année, la Fédération nationale de la libre pensée a opté pour des rassemblements dans toute la France. Nous serons donc bien moins nombreux que d'habitude à Gentioux", explique M. Parayre."La commune est fière de ce monument mais les deux manifestations sont distinctes. Une est de l'ordre du souvenir, l'autre du militantisme", explique Pierre Simon, maire de Gentioux-Pigerolles (395 habitants), qui n'assistera pas à la manifestation pacifiste.

Toutefois, après des incidents dans les années 90, il n'y a désormais plus aucune tension entre les différents publics. "C'est vrai, il y a eu des épisodes difficiles", se souvient le maire, "les habitants estimaient qu'il y avait un manque de respect pour leurs morts".
Après la commémoration, les pacifistes devaient se rendre au cimetière de Gentioux fleurir la tombe de Félix Baudy, fusillé pour l'exemple en 1915. Pour M. Parayre, c'est "une façon d'appeler à la réhabilitation de tous les fusillés pour l'exemple, ceux qui refusaient de participer à la grande boucherie".

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