jeudi 23 juillet 2009

Limoges - Grèves à répétition au centre de tri

Si vous attendez des colis, un peu de patience, il sera certainement acheminer avec un peu de retard. les horaires de nuit épuisants, salaires insuffisants, réorganisations à répétition, toutes ces sources de ras-le-bol alimentent le mouvement de grève entamé début avril au centre de traitement du courrier.

Yves Bourgnon Sud a inventé le concept de grève durable au centre de tri : elle mobilise une quinzaine de postiers de différentes équipes entre le vendredi soir et le samedi, minuit.

Certes, le mouvement ne fait pas beaucoup de bruit. N'empêche qu'il s'est installé dans la durée. Dans le cadre d'un préavis national de Sud, renouvelé chaque semaine depuis début avril, une quinzaine de postiers, parfois un peu plus parfois un peu moins, n'ont pas assumé leur service le week-end au centre de traitement du courrier.

« Les horaires des services de nuit sont en eux-mêmes épuisants, explique Sophie, une contractuelle affichant neuf ans d'ancienneté. Et l'on doit travailler dans des conditions difficiles, en faisant face au manque d'effectifs. Le CTC ne pourrait pas fonctionner sans recours aux heures supplémentaires : ce n'est pas acceptable pour ce type d'établissement. Et puis, tout postier digne de ce nom ne supporte pas de devoir quitter son poste en laissant des "restes". Les "restes" c'est la honte de La Poste, même si le courrier est facilement détournable et que les restes peuvent être dissimulés. »

Selon les grévistes, la direction utilise le système des "désignations" (une sorte de réquisition) et les heures supplémentaires pour faire tourner le centre. « C'est presque facile, avoue Sophie : trop de collègues connaissent de vrais problèmes d'argent et ils cèdent. »

Sophie, elle, tient bon. « J'ai des convictions et je les assume », assure-t-elle. En juin, les heures de grève lui ont coûté au total 250 ?, pour un salaire brut d'environ 1.400 euros, « ce qui n'est vraiment pas beaucoup pour un salaire de nuit ».

Odile, une fonctionnaire tout aussi engagée, appartient aussi à cette quinzaine d'agents répétant fidèlement la grève sur trois services du week-end par mois. « Je n'en peux plus des réorganisations à répétition. À chaque fois, on nous la vend comme la bonne solution. Ça dure 10, 12, 18 mois et puis ça recommence, avec à chaque fois des pertes d'emplois, des modifications horaires? À présent, le projet s'appelle Cap qualité courrier, un rouleau compresseur qui va notamment se traduire par la fermeture de nouveaux centres de tri. Il n'en reste d'ailleurs plus beaucoup. C'est l'incertitude permanente pour les agents du courrier : ils savent bien que notre centre n'a plus d'avenir. »

La direction du CTC n'étant pas autorisée à répondre à nos questions, c'est à la direction opérationnelle courrier du Limousin nous avons dû nous adresser. Selon cette DOTC (dont l'avenir ne semble guère plus garanti que celui du centre de tri) la grève à répétition n'a que peu d'incidences. « Avec le renfort de l'équipe d'encadrement, le courrier est traité normalement et bien distribué dans les délais normaux, nous a-t-on assuré. Dans le contexte d'une baisse du trafic postal, le mouvement n'a qu'un impact limité. »

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