jeudi 14 avril 2011

Le proxénète écroué est le parrain de Marine Le Pen

On le disait retiré des « affaires », se consacrant désormais à sa passion pour l’art. Henri Botey, 77 ans, plus connu sous le surnom de Monsieur Eric dans le monde de la nuit parisienne vient, à nouveau, de tomber dans les filets des policiers de la brigade de répression du proxénétisme (BRP) de Paris. Mis en examen pour proxénétisme aggravé, celui qui est également surnommé l’Empereur de Pigalle a été incarcéré en fin de semaine dernière à la prison de Fleury-Mérogis (Essonne).

L’une de ses principales complices, Isabelle, 50 ans, a aussi été placée en détention provisoire. La justice reproche à Henri Botey d’avoir tenu, en sous-main, deux bars dans lesquels des hôtesses faisant commerce de leurs charmes. Figure du proxénétisme parisien, ce « parrain » à l’ancienne est aussi, officiellement, celui de Marine Le Pen, la présidente du Front national (FN). Un lien noué lorsque la jeune Marine s’était fait baptiser, en 1969, en l’église de la Madeleine à Paris. Sollicitée, hier, le leader du FN n’a pas souhaité s’exprimer. « Voyez avec mon service de presse », nous a répondu Marine Le Pen. Contacté, à son tour, son service de presse n’a pas donné suite à notre demande.
« C’est un ouvrier boulanger de formation, originaire de Belfort (Territoire de Belfort) qui a démarré dans les années 1950 à Pigalle, en épousant une ancienne prostituée et qui a fait fructifier avec un sens certain des affaires, sa petite entreprise, note un policier à la retraite. Il a échappé à trois tentatives de meurtre et semblait un peu éloigné du monde de la nuit. Il était très lié avec Jean-Marie Le Pen. » Le 4 avril, Henry Botey, connu aussi sous le sobriquet de Rase-Mottes en raison de sa petite taille, est interpellé à la sortie de son appartement, à Paris (IXe). Dans la foulée, onze autres suspects — trois hommes et huit femmes — sont arrêtés en région parisienne, dans le Calvados et le Loiret.

Près de 55 000 € saisis

Depuis le mois de septembre 2010, les enquêteurs de la BRP surveillaient deux bars à hôtesses, le Lorelei et le Mucha, situés rue Frochot en plein cœur de Pigalle. Lors de leur coup de filet, les policiers ont surpris une hôtesse en train de monnayer ses faveurs avec un client dans l’un des commerces ciblés. « Les hôtesses travaillaient “au bouchon”, confie une source proche de l’affaire. Le client devait payer une bouteille de champagne, facturée entre 200 € et 300 € avant de pouvoir monter avec une fille. Il devait ensuite débourser 200 € pour la passe. Si le client souhaitait quitter le bar avec l’une d’entre elles, il devait payer trois bouteilles. »
Outre la vente de l’alcool, les gérants percevaient également un peu plus de 100 € par client, pris en main par leurs hôtesses. « Les deux bars rapportaient environ 50 000 € mensuels, ajoute la même source. Il n’y a rien au nom d’Henri Botey. Même l’appartement qu’il occupe est la propriété d’une société civile immobilière dans laquelle il a des parts. »Au cours de leurs perquisitions, les policiers ont saisi près de 55 000 €. Une importante collection d’art, découverte dans l’appartement parisien ainsi que dans le manoir normand de Monsieur Eric, pourraient aussi faire l’objet d’une saisie.

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