jeudi 2 septembre 2010

La note secrète sur la grève des Bleus

Le 20 juin dernier, une altercation oppose devant les caméras le capitaine de l'équipe de France Patrice Evra au préparateur sportif Robert Duverne, avant que les joueurs ne se mettent en grève © AFP

"Renvoyer l'ensemble des vingt-trois joueurs devant l'instance disciplinaire" : c'est ce que préconisait la mission d'information chargée par la Fédération française de football (FFF) de faire la lumière sur la grève des Bleus en Afrique du Sud. Des recommandations dont la FFF n'a pas tenu compte, puisque seuls cinq joueurs ont été sanctionnés.

Dix-huit joueurs, trois membres du staff technique, dont l'entraîneur Raymond Domenech, et trois membres de la FFF, dont son président de l'époque Jean-Pierre Escalettes, ont été auditionnés. Le rapport de quatre pages divisé en quatre chapitres ("responsabilités des joueurs", "administration", "sélectionneur/staff technique" et "conseils à la FFF") n'a jamais été rendu public. Il est pourtant éclairant.


On y lit par exemple qu'il faut "oublier l'idée de meneurs ou caïds rapportée par la presse" et qu'"il n'y a eu aucune intimidation ou contrainte". Le document égratigne aussi Domenech. Parmi les six griefs adressés au sélectionneur : "Des choix non expliqués et donc pas compris qui ont fait naître des malaises, voire de la rancoeur", ou l'absence de décision pour gérer l'incident avec Anelka et le fait de ne pas avoir informé la fédération de l'altercation.

Domenech, désigné comme le "traître"


Concernant Anelka toujours, il apparaît que l'insulte adressée à Raymond Domenech est : "Va te faire enc..., toi et ton équipe !" Quant aux paroles que le joueur a ensuite "marmonnées", aucun des témoins auditionnés n'a été en mesure d'en donner la teneur. Le rapport précise que Nicolas Anelka s'est opposé à donner toutes excuses publiques qui lui auraient interdit par la suite de porter plainte contre le journal L'Équipe pour diffamation, ce qu'il a fait le 29 juillet. Par contre, le joueur de Chelsea aurait accepté de prononcer des excuses "en privé", refusées par Raymond Domenech. On découvre aussi que trois joueurs ont désigné, dans leur audition, l'entraîneur des Bleus comme le "traître" ayant "balancé" Anelka au quotidien sportif...

Durant les auditions, les joueurs se sont défendus pied à pied. Ainsi, ils ont expliqué que s'ils ne portaient ni chaussures à crampons ni sacs de sport le 20 juin, ce n'est pas, comme il a été dit, parce qu'ils avaient décidé de ne pas s'entraîner, mais parce que cela faisait très longtemps qu'un employé d'Adidas était chargé de leur apporter leur équipement directement dans les vestiaires...


Enfin, pour l'anecdote, Jean-Pierre Escalettes souhaitait être aux côtés de la ministre des Sports, Roselyne Bachelot, lorsque cette dernière a recadré les Bleus au lendemain de leur médiatique grève du 20 juin. Elle a refusé, se justifiant ainsi : "C'est un ordre de Sarkozy !"

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