vendredi 4 juin 2010

La France championne des inégalités scolaires

Comment faut-il vous le dire, monsieur le Président ? Votre idée d'assouplir la carte scolaire, de promettre aux parents qu'ils pourront inscrire leur enfant où ils veulent, est une mauvaise idée.

Une très mauvaise idée. Le ministère de l'Education s'est bien gardé d'en mesurer les effets délétères depuis deux ans qu'elle est appliquée, mais d'autres s'en sont chargés. Et pas des moindres : le syndicat des chefs d'établissement, utilisant son réseau, a fait une étude sur près de 3000 collèges et lycées. Et la très sérieuse et très impartiale Cour des Comptes, après trois ans d'enquête sur le terrain, vient de sortir un rapport au vitriol sur l'organisation de l'école en France, en épinglant notamment cet aspect. L'un et l'autre s'expriment donc preuves à la main.

Un rappel d'abord ! Parler du « choix » des parents est un leurre. Encore faut-il que l'établissement où ils postulent pour leur enfant ait de la place. On ne peut pas pousser les murs des collèges et lycées une fois qu'ils ont fait le plein.
Or les demandes convergent justement sur un petit nombre d'établissements, qui saturent vite. Mais surtout, cette nouvelle logique ponctionne les établissements fragiles des derniers bons élèves qui y étaient, et déstabilise même les établissements moyens. Bref, elle creuse les écarts. Rien de plus antidémocratique.
« L'intérêt général n'est pas préservé », dit Philippe Tournier, le secrétaire général du syndicat des chefs d'établissement. De son côté, la Cour des Comptes parle de difficultés qui ne font que « s'aggraver » et de la constitution de « ghettos scolaires ». Comme si la barque n'était pas assez pleine.
« La France est au 22 ème rang en ce qui concerne (...) l'accentuation des écarts de résultats entre les élèves de statuts favorisé et défavorisé », écrit la Cour des Comptes, concernant la période 2000-2006. La France était bonne dernière. Votre promesse, monsieur le président, la fera encore davantage plonger.

Aucun commentaire: