samedi 5 septembre 2009

Le couple a choisi de quitter la vie ensemble

Claude Bazilier, en dépit de ses 81 ans, semblait éternellement jeune. Il a choisi librement de partir, uni dans la mort avec son épouse comme ils l'étaient dans la vie.
«Enfant, il rêvait de devenir un Indien. Il finit par emprunter aux Peaux-Rouges criards de Rimbaud leurs poteaux de couleurs et à Gauguin, son audace et la beauté sereine des femmes ». C’est ainsi qu’Astrid Florian caractérisait Claude Bazilier, un artiste qui a consacré une large part de sa vie à confectionner des marionnettes et des totems.

Claude Bazilier aimait la vie et l’amitié. C’était un homme de culture, fidèle à ses idées. Il avait, avec Andrée, sa femme, adopté la Creuse en 1992. Dans ses jeunes années, il avait monté une compagnie de marionnettes, puis dirigé le Centre culturel de Villiers-sur-Marne pendant neuf années. Le couple s’était bien vite senti en symbiose avec le plateau de Millevaches où il organisait des expositions. Il attirait les touristes en dehors des chemins balisés. Et puis l’âge avait rattrapé Claude, né en 1928. Alors, lui et Andrée ont vendu leur maison pour s’établir à Aubusson.

Comme Claire et Roger Quilliot
Une nouvelle vie commençait avec d’autres expositions, avec des sculptures façonnées dans le bois. Il s’emparait comme jamais des toiles de sacs à pommes de terre pour les peindre. Claude et Andrée Bazilier aimaient accueillir les visiteurs dans leur atelier, à côté de la maison. C’est là qu’avant-hier matin, les pompiers d’Aubusson les ont retrouvés, au bout de deux cordes.

Le couple, uni jusque dans la mort, avait choisi de partir ensemble. Claude s’était sans doute lassé de lutter contre la maladie. Cet été encore il avait exposé avec ses amis au Moutier d’Ahun. Claude et Andrée Bazilier avaient rejoint l’association Droit de mourir dans la dignité. Comme Claire et Roger Quilliot il y a quelques années, ils avaient pris le temps de préparer leur grand départ, de régler le moindre détail, de laisser des lettres.

Ils sont partis sous le regard des marionnettes-totems, pleines de vie et de couleurs, reflet d’un art brut en quête tout simplement de bonheur.

source La montagne

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