Près de 200 personnes ont manifesté samedi 24 octobre 2015 à Guéret contre l’exploration minière à Lussat, à l'appel du collectif Stop mines 23. Dominique Delorme, qui dirige le projet pour la compagnie minière Cominor parle lui d'« une poignée d’activistes ».
Les parcelles agricoles dessinent de longues lignes jaunes entrecoupées par les balles de foin qui sèchent au soleil. Sur ces terres d’élevage de la Creuse, entre Guéret et Montluçon, Mathieu Couturier, agriculteur de 30 ans, montre sa ferme et l’étendue d’épis de blé où se sont glissés quelques coquelicots et bleuets. Depuis deux ans, ce Creusois se convertit à l’agriculture biologique. Il souhaite investir encore davantage l’hiver prochain pour vendre ses volailles sur place : « Mais avec ce projet de mines, j’hésite vraiment », dit-il en secouant la tête.
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Un permis d'exploration minière a été accordé en novembre dernier à la société Cominor pour une recherche de plusieurs métaux dont l'or au nord-est de la Creuse.
le préfet de la Creuse autorise la Cominor (*) à creuser plus profond
Le Permis exclusif de recherches (PER) de Villeranges, détenu par la société Cominor et portant sur la recherche d’or et d’autres métaux à Lussat, s’engage dans la seconde phase d’exploration : des sondages et carottages jusqu'à 450 mètres.les représentants de COMINOR se rendrent prochainement en Creuse et les travaux devrait débuter en avril 2016.
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Mobilisation réussie pour le collectif Stop mines 23 qui a manifesté devant les grilles de la préfecture puis sur le marché de Guéret. Ses membres ont annoncé le dépôt d'un recours pour abus de pouvoir au tribunal administratif. Il sera déposé avec l’association Sources et rivières du Limousin.
De son côté, Dominique Delorme, qui dirige le projet du permis de Villeranges pour la compagnie minière Cominor-La Mancha, réagit à cette nouvelle manifestation des opposants.
Ne sentez-vous pas que l’hostilité à l’exploitation minière monte en Creuse ? Mais il y a désormais cette motion contre la mine d’or votée à l’unanimité par l’association des maires de la Creuse. Dans la nouvelle autorisation d’effectuer des forages profonds, n’y a-t-il pas des réserves sur les ressources en eau ?
Stopmines23 a rappelé tout l’enjeu de cette campagne de forages : il ne faut pas laisser la multinationale Cominor-La Mancha forer dans la vallée de la Voueize, sous peine de la voir s’installer définitivement à Lussat ! Et non, les creusois ne sont pas des cobayes ! … n’en déplaise à Mr Sébastien de Montessus, ancien directeur du pôle mine d’Areva, devenu PDG de Cominor-La Mancha … et Mr Macron, qui délivre des permis miniers à tour de bras dans toute la France pour faire plaisir aux multinationales et aux banquiers, qui rempliraient bien leur coffres d’or, laissant derrière eux une pollution irréversible comme au Châtelet ou à Salsigne.
Les forages et les mines à ciel ouvert, c’est non !
Il y a de la vie sur notre territoire, des agriculteurs, des familles, des habitants, tous fiers de leur mode de vie lié au bien commun qu’ils souhaitent préserver et transmettre à leurs enfants : l’eau potable du bassin de Gouzon, la vallée de la Voueize et les gorges de la Tardes, des champs verdoyants et la réserve naturelle de l’étang des Landes !
(*) La Creuse vit en direct la relance des activités extractives en France. La Cominor, filiale du groupe minier international La Mancha, basé au Canada, détient un permis exclusif de recherches depuis novembre 2013 dans le département. Cette ancienne filiale d’Areva a reçu fin août 2015 l’autorisation de la préfecture pour une deuxième phase de travaux miniers sur les 47,6 km² couverts par l’exploration.
Ce permis de recherche ouvre la voix à une nouvelle mine d’or. En effet, en vertu du droit de suite inscrit dans le code minier, l’acquisition d’un permis de recherche donne au titulaire un droit automatique à exploiter les gisements qu'il découvre. Et la présence d’or est acquise puisqu'une précédente exploration entre 1980 et 1989, conduite alors par Total, avait montré la présence de filons. Pour la Cominor, l’enjeu est aujourd’hui surtout d’évaluer la rentabilité de l’activité au vu des coûts d’exploitation et du cours de l’or, sachant que le permis porte sur un engagement financier minimal de trois millions d'euros.