Après des années de silence, de nouveaux projets miniers voient le jour en France. Mais alors qu’on attendait la création d’une compagnie minière d’État pour chapeauter ce regain d’activité, ce sont les sociétés privées étrangères qui ont pris la place. Dans le Limousin, concerné, on s’inquiète.
Guéret (Creuse), envoyé spécial Dans la campagne creusoise, entre Montluçon et Guéret, c’est avec stupéfaction qu’il y a un peu plus d’un an les habitants des communes d’Auge, de Bord-Saint-Georges, Chambon-sur-Voueize, Lépaud, Lussat, Sannat et Tardes ont appris que la société privée Cominor avait obtenu via la préfecture et une décision de l’État un permis d’exploration pour y rechercher de l’or. Un PER (permis exclusif de recherche) d’or, mais aussi de cuivre, d’argent, de zinc, d’antimoine, d’étain, de tungstène et de substances connexes portant sur une surface d’environ 47,6 kilomètres carrés. Une mine d’or dans la Creuse ?
Pas une surprise ! Dans ce département il y en a eu, mais de là à relancer cette idée, alors que le dernier projet d’exploration par Total compagnie minière, sur le même site, date d’une vingtaine d’années, cela pose question. Il est vrai qu’on ne garde pas dans cette partie du Limousin un très bon souvenir de ce que fut, au début XXe siècle, la ruée vers l’or du côté de Budelière. La mine d’or du Châtelet a certes connu ses heures de gloire, avec 300 ouvriers au plus fort de l’extraction, et a donné plus de 15 tonnes d’or entre son ouverture en 1905 et sa fermeture en 1955, mais elle a aussi porté son lot de désolation. Une fois fermée, il fallut attendre plus de cinquante ans pour que ces terres minées à l’arsenic et les cours d’eau soient enfin dépollués. « Et encore, on est loin du compte au niveau dépollution », explique Pierre Lapalu, du Collectif de vigilance sur les projets miniers creusois.