Le 1er juin, à Paris, la FNB et Système U ont signé un engagement portant sur le développement d’un « cœur de gamme » et la revalorisation des prix d’achat des animaux allaitants. Il est fondé sur une charte qualitative, permettant de se différencier de l’entrée de gamme et du premium, et surtout, pour l’éleveur, d’obtenir en moyenne 1 €/kg de plus sur chaque animal. « Cela correspond à la hausse des coûts de production », précise Serge Papin, le président de Système U. Car la base de l’engagement, c’est de tenir compte de ces coûts qui incombent aux éleveurs, et de les réviser chaque trimestre.
Le cœur de gamme, c’est pour la FNB l’un des derniers leviers dont disposent les éleveurs pour soutenir les prix. « Les races allaitantes sont un gage de qualité pour le consommateur, et bénéficient d’une belle image, assure Guy Hermouet, vice-président de la FNB. Si les éleveurs s’engagent à respecter un cahier des charges précis sur l’âge des animaux, les poids de carcasse, la conformation et l’état d’engraissement, la contrepartie, c’est de leur accorder un bon prix. » Cette revalorisation des allaitantes apparaît également comme un moyen de sortir du système de cotation basé sur la vache P, et d’avoir pour référence le milieu de gamme. Autrement dit, de déconnecter le prix des allaitants du reste du marché, pour ne pas dire des vaches laitières.
« Nous sommes heureux d’entreprendre cette relation directe avec l’amont, se réjouit Serge Papin. Car nous avons vite constaté qu’entre nos deux maillons, il y avait de la rétention de la valeur. Si la cotation des bovins baisse, alors que dans nos rayons les prix ne bougent pas, c’est qu’il y a un loup quelque part. » Selon le rapport de l’Observatoire des prix et des marges, les prix agricoles ont chuté de 2,4 % en 2015, sans que les prix à la consommation n’aient été affectés.

Inquiétude sur la situation de marché

La FNB alerte sur les niveaux de revenus des éleveurs, qui n’ont cessé de décroître depuis 2013. « Il y a un réel danger de voir disparaître, en 2016, des milliers d’exploitations allaitantes, assure Jean-Pierre Fleury. Je ne vois pas comment les engraisseurs vont remettre le pied à l’étrier, avec une cotation de la vache R similaire à celle en situation de vache folle ! »
Le syndicat s’inquiète également de la situation dégradée touchant la filière laitière. Faute de solutions, il y aurait en Europe un phénomène de reconversion du lait vers la viande, risquant d’une part d’entraîner une forte affluence de vaches laitières dans les abattoirs, et de déstructurer le marché allaitant, déjà saturé. « Cela revient à créer un problème pour en régler un autre », s’insurge Jean-Pierre Fleury, qui en appelle à l’État pour résoudre les problèmes.