jeudi 8 juillet 2010

Plus d’un Français sur deux pour un remaniement

Face à l’affaire Bettencourt, 55 % des personnes interrogées jugent un remaniement nécessaire, selon notre enquête CSA.

Le premier enseignement de notre sondage exclusif CSA, c’est que les Français gardent la tête froide à propos de l’affaire Woerth-Bettencourt. Qu’ils n’en font pas, en tout cas pour l’instant, une « affaire Sarkozy ». Moins d’un Français sur deux (48%) souhaite que le président s’explique — par exemple dans une émission de télévision — sur cette affaire.

« Il est probable qu’en raison de la surexposition permanente du ministre Eric Woerth les Français n’aient pas encore perçu la possible implication de Nicolas Sarkozy dans ce dossier », nuance Jean-Daniel Lévy, directeur de CSA Opinion. Résultat, il n’y a pas de grosse pression en faveur d’une prise de parole du chef de l’Etat.
Surtout, ce dernier peut compter sur le soutien du « peuple de droite » qui estime à 54% qu’il n’a pas à s’expliquer et rejette catégoriquement (à 59%) toute idée de remaniement. Une majorité de Français (55%) y serait pourtant favorable, surtout parmi les sympathisants de gauche (65%). Mais là encore, la pression n’est pas énorme. « En fait, si le peuple de gauche est favorable à un remaniement, c’est surtout parce que cela sanctionnerait l’échec de la politique de Sarkozy », reprend Jean-Daniel Lévy. Car, dans l’ensemble, les Français estiment que l’affaire Woerth-Bettencourt, certes grave, ne justifie pas à elle seule un remaniement. Pour la majorité des personnes interrogées, si remaniement il devait y avoir, ce devrait donc être avant tout pour changer de politique économique et sociale.
De son côté, à l’Elysée, Nicolas Sarkozy réfléchit à l’opportunité d’intervenir ou pas à la télévision la semaine prochaine. « Je prendrai mon temps et je choisirai le moment où je parle. Ce n’est pas l’opposition ou la presse qui dictent mon agenda! » Pas question non plus de remaniement rapide. Devant les élus centristes, il a toutefois évoqué l’idée d’un changement de Premier ministre à l’automne : « Vous n’existerez pas forcément par un candidat à la présidentielle. Il peut y avoir de grands ministres centristes. Et pourquoi pas un Premier ministre centriste? » Une allusion loin d’être innocente au moment où l’on parle beaucoup dans les coulisses du pouvoir de Jean-Louis Borloo à Matignon…
Hier, le président est apparu « surprenant de serénité », « la tête froide », aux élus qui l’ont croisé, décidé à « déterminer son calendrier » malgré l’affaire Woerth-Bettencourt. « Les ministres doivent faire leur travail au service des Français. Il faut garder son sang-froid », a-t-il intimé lors du Conseil des ministres. « Parce qu’on voulait un troisième tour social qui n’a pas eu lieu, on me colle un troisième tour politique! » a-t-il ensuite déploré devant les députés du Nouveau Centre, qu’il recevait à déjeuner. « Je verrai aujourd’hui le rapport de l’inspection générale des finances. S’il y a eu faute, je sanctionnerai. S’il n’y a rien, je ne vois pas pourquoi je le ferais! » a-t-il poursuivi au sujet de Woerth… sans cacher qu’il était « confiant » quant aux conclusions de l’enquête administrative.

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