mercredi 19 mai 2010

Interdiction du voile intégral : le projet de loi présenté ce matin

Un débat sur la burqa dégénère à Montreuil 

Le débat organisé mardi soir sur la burqa dans une école de Montreuil (Seine-Saint-Denis) à l'initiative de l'association Ni Putes ni soumises a dû être interrompu à plusieurs reprises. Il a été perturbé par les interventions de d'Abdelhakim Sifrioui, du collectif pro-palestinien Cheikh Yassine, qui combat la loi anti-burqa. Cette soirée à laquelle participaient les députés Jean-Pierre Brard (app.PC) et Manuel Valls (PS) s'est achevée dans la confusion.
Quelques coups sont partis dans l'assemblée, mettant fin aux débats et entraînant l'intervention de la police, vers 21h30. Les forces de l'ordre ont encadré les quelques 150 participants jusqu'au retour au calme, avant de faire évacuer la salle. «Un groupe est venu perturber le débat. Ils sont dans le champ de l'intolérance. Cela renforce ma conviction qu'il faut continuer les discussions et agir contre les discriminations», a déclaré Jean-Pierre Brard. Heurté lui aussi par «l'intolérance» des intervenants, Manuel Valls a estimé que «faire une loi pour interdire le voile intégral, c'est le meilleur service que nous puissions rendre aux femmes».


Le gouvernement veut interdire le port du voile intégral dans l’ensemble de l’espace public.
Le texte est présenté, aujourd’hui, en Conseil des ministres par la garde des Sceaux. Michèle Alliot-Marie rend sa copie sur le voile intégral ce matin en Conseil des ministres*. Un sujet hautement sensible même si la garde des Sceaux dépose un projet de loi qui entend insister sur « la pédagogie et la médiation ». Il n’est d’ailleurs pas question de burqa dans le projet de loi mais de « dissimulation du visage dans l’espace public ».

Un phénomène qui concerne environ 2 000 personnes

Il n’empêche, en héritant du sujet il y a quelques semaines, Michèle Alliot-Marie a dû jongler avec les polémiques qui entourent ce texte : fallait-il une loi pour un phénomène qui concerne, selon les chiffres officiels, à peine 2 000 personnes ? Fallait-il une interdiction générale, comme le proposait la mission parlementaire qui a travaillé plusieurs mois sur la question, ou une interdiction partielle, comme le pensaient notamment quelques poids lourds de l’opposition ?
Dans un entretien qu’elle nous a accordé, la garde des Sceaux, elle-même peu favorable à une loi lorsque le débat s’est ouvert l’année dernière, répond à toutes ces questions et défend un texte destiné selon elle au « maintien du pacte social français ».
Il faut « préférer l’explication et le travail de pédagogie à l’égard de ces femmes qui décident de porter le voile intégral », plaide, de son côté, le président du Conseil français du culte musulman, Mohammed Moussaoui. « Plutôt que de prendre une loi pour leur interdire d’exprimer leur mal-être, il faut réfléchir à ce qui les amène à se voiler », insiste-t-il. La proposition de loi du PS préconise, elle, d’interdire la burqa uniquement dans les services et transports publics.
« Je pense que si cette loi est votée elle sera de toute façon annulée. C’est un mécanisme impraticable, contraire au principe constitutionnel de notre pays », affirmait, il y a quelques jours, Arnaud Montebourg. Le débat enflammé sur la burqa est loin d’être clos.
*Après son passage en Conseil des ministres, le projet de loi devrait être débattu devant l’Assemblée au début du mois de juillet, puis devant le Sénat à la rentrée.

 Le Parisien

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