vendredi 20 novembre 2009

Un vaccin qui fait beaucoup couler d'encre

Le choix du gouvernement a été d'acheter des doses par dix, donc c'est d'abord et avant tout un problème de négociation avec l'industrie pharmaceutique. Au niveau asepsie, c'est franchement pas terrible. Donc on ouvre la boîte de dix et on jette les neuf autres pour des raisons d'hygiène [une ampoule de dix vaccins ouverte se périme en 24 heures]. Il y a beaucoup de gâchis dans les centres car peu de gens viennent se faire vacciner (entre 120 et 130 dans le Finistère, les Côtes-d'Armor ou le Morbihan, une trentaine en Ille-et-Vilaine).

Est-ce que cela explique que le réseau classique ne s'occupe pas de la vaccination ?

On nous a effectivement opposé, à nous médecins, que c'était compliqué avec ces dix doses. Mais on aurait pu mettre en place une logistique. Dans un cabinet de groupe, ce n'est pas impossible, ce que commence d'ailleurs à reconnaître notre ministre [Roselyne Bachelot]. Mais évidemment le bon sens était de passer par le réseau habituel : les grossistes pharmaceutiques alimentent les pharmacies, nos patients achètent ce qu'on leur prescrit et viennent se faire vacciner chez nous ou par des infirmières. Pour la grippe A c'est plus compliqué, c'est l'Eprus (Etablissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires) qui est chargé de toute la logistique et qui alimente tous les centres.

Que faut-il faire aujourd'hui ? Le circuit classique devrait reprendre les choses en main ?

Techniquement, ça sera très compliqué de fondre ces deux réseaux puisqu'il faudrait s'approvisionner avec l'Eprus. Et c'est trop tard. Certains médecins veulent vacciner mais l'épidémie est déjà franchement avancée. Ici, on a déjà fermé deux classes. Il ne faut pas se méprendre, la grippe qu'on observe en ce moment, c'est la grippe H1N1, cliniquement c'est la même que la grippe saisonnière, comme l'a confirmé l'Institut de veille sanitaire. La prévention a été également un non-sens, si on était allé au bout, il aurait fallu fermer les cinémas, interdire le Festival interceltique ou les Vieilles Charrues ! Et maintenant, alors qu'on est déjà dans l'épidémie, on nous demande dans un même temps de soigner et de vacciner. Du jamais-vu.

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