jeudi 5 novembre 2009

Mais ou passent vos impots ?

Après les repas à 5000€ par personne,la polémique dite des "sondages de l'Elysée" a éclaté cet été après la publication d'un rapport de la Cour des comptes dénonçant des études d'opinion publiées dans la presse et facturées à l'Elysée. Dans son rapport rendu public le 16 juillet, la Cour des comptes avait qualifié le système d'enquêtes et de sondages de l'Elysée d'"exorbitant au regard des règles d'exécution de la dépense publique".
Edition abonnés Archive : L'Elysée contraint de mettre fin à un "système" d'études et de sondages
Sommée de s'expliquer, la présidence de la République a décidé, jeudi 5 novembre, de transmettre à l'Assemblée nationale les factures détaillées de ces enquêtes d'opinion réalisées entre octobre 2007 et septembre 2009.

Le document remis aux députés confirme que le budget sondages de l'Elysée s'est élevé à 3,281 millions d'euros en 2008. Il devrait être sévèrement réduit en 2009 (il est évalué à 1,989 million d'euros) et en 2010 (1,424 million d'euros). Une baisse qui intrigue la député PS Delphine Batho, qui y devine une possible "externalisation du budget sondages de l'Elysée" vers le Service d'information du gouvernement, dont le budget a crû de 292 % en un an.

PUBLIFACT, IPSOS, GIACOMETTI...

Le détail des factures révèle que le cabinet Publifact, dirigé par Patrick Buisson, le conseiller officieux de Nicolas Sarkozy, s'est taillé la part du lion. Ses cabinets de conseil Publifact et Publiopinion ont perçu 1,473 million d'euros de l'Elysée en 2008, dont 1,1 million d'euros pour des sondages d'OpinionWay. Or, selon OpinionWay, Publifact avait acheté ces études pour seulement 190 000 euros. La société du conseiller de l'Elysée a donc réalisé un bénéfice d'environ 910 000 euros, soit une marge de 83 %.

Deux autres instituts se sont partagé le budget sondages de l'Elysée en 2008 : Ipsos a touché 889 824 euros pour quinze sondages, et le cabinet Giacometti-Peron, 723 580 euros. IFOP (9 448 euros), CSA (56 810 euros), TNS Sofres (38 272 euros) et Sociovision (89 700 euros) se partagent les miettes.

"FABRICATION DE L'OPINION"

Par cette opération de transparence, l'Elysée espère mettre un terme à la polémique déclenchée cet été et entretenue depuis par les députés PS. Mais l'opposition continue de réclamer une commission d'enquête. Le président du groupe, Jean-Marc Ayrault, l'a réaffirmé jeudi, même si "l'Elysée voudrait bien qu'on renonce". La demande sera examinée vers le 8 décembre, et la majorité aura du mal à s'y opposer, même si elle dispose de moyens pour vider la commission d'enquête de sa substance.

Certes, à compter de décembre 2009, les enquêtes d'opinion seront commandées par l'Elysée aux instituts "choisis à l'issue d'un appel d'offres publié au bulletin officiel des annonces des marchés publics le 15 octobre", précise le rapporteur des crédits de l'Elysée, Jean Launay (PS). Une mesure qui est cependant loin de satisfaire dans les rangs du parti. Pour Didier Migaud, président (PS) de la commission des finances, le problème, "ce n'est pas tant que l'Elysée commande des sondages, c'est tout le processus de fabrication de l'opinion, notamment en certaines périodes tout à fait particulières, juste avant les élections".

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