mercredi 25 juin 2008

Le village Gaulois ... pour rappel...

Par simplet , le 06/10/2007 (255 )

RÉSISTANCE • Le village qui dit «non» à Sarkozy
Sannat et ses 370 habitants refusent d'accrocher en mairie le portrait du nouveau président. Le conseil municipal entend par ce geste résister à ses «façons impériales».
Le président Sarkozy, alias «Tsarkozy», dirige la France d'une poigne impériale. Toute la France ? Non, un village peuplé d'irréductibles Gaulois résiste encore et toujours au nouveau président. Les habitants de Sannat, petit village creusois de 370 habitants dans le cœur rural et désertique de la France, ont décidé que leur minuscule mairie n'afficherait pas le portrait du nouvel occupant de l'Elysée.
«Les gens diront que c'est une décision politique, mais ce n'est pas politique. C'est une révolte démocratique. Nous n'aimons pas le style de Sarkozy, sa façon de gouverner, de s'immiscer dans tous les débats et de tout prendre en main, comme si le Premier ministre et le reste du gouvernement n'existaient pas. Nous croyons en une autre démocratie, plus authentique», déclare Henri Sauthon, maire de Sannat. Le conseil municipal de Sannat a donc décidé, par cinq voix contre quatre, de refuser le portrait officiel du nouveau président. Les portraits présidentiels sont, en effet, offerts à chaque mairie de France mais aucune loi ne les oblige à les accepter.
Sannat se trouve dans le magnifique mais agonisant département* de la Creuse, incarnation parfaite de la France profonde*. Les sondages indiquent que Sarkozy est très populaire, notamment dans les zones rurales. Que se passe-t-il à Sannat ? «Il est populaire aujourd'hui, mais il le sera peut-être moins dans cinq ans», observe Henri Sauthon, agriculteur à la retraite de 81 ans. «La roue aura peut-être tourné, notamment grâce à Sannat. Ça pourrait être le début d'une révolte, pas tant contre le programme de Sarkozy que pour protester contre son égocentrisme et son style autocratique.»
Le maire reconnaît être «un homme de gauche» et la commune, ainsi que tout le département, a voté pour Ségolène Royal au second tour de l'élection présidentielle. Le maire soutient pourtant que sa décision ne se limite pas à une opposition droite-gauche. «Nous avons le portrait du président Chirac et nous le garderons, mais nous marquons notre opposition aux façons impériales de Sarkozy», explique-t-il.

* En français dans le texte.
John Lichfield
(lu dans Courrier International)