lundi 26 janvier 2009

Mines d'or du Châtelet


54 ans après leur fermeture, les mines d'or du Châtelet vont faire, cette année, l’objet d’une réhabilitation de grande ampleur. Mme la Présidente de l'ADEME est autorisée, en application de l’article L. 214-3 du Code de l’Environnement, à réaliser - ou à faire réaliser - les travaux nécessaires de réhabilitation du site des anciennes mines d'or du Châtelet situé sur la commune de Budelière (Creuse).

article de herve.moisan@centrefrance.com

Le préfet de la Creuse Daniel Ferey a signé, le 16 décembre dernier, un arrêté qui devrait faire date dans le (très) vieux dossier des mines d'or du Châtelet sur la commune de Budelière : cet arrêté autorise, enfin, le lancement des travaux de réhabilitation du site abandonné depuis 54 ans. Des milliers de tonnes de déchets miniers pollués à l'arsenic sont stockés à l'air libre et se déversent, à chaque orage, dans la Tardes qui coule en contrebas.
Concrètement, ces travaux, d'un coût estimatif de 3 à 4 millions d'euros, pourraient commencer l'été prochain, si les appels d'offres qui seront lancés très prochainement trouvent preneurs. Ils seront étalés sur au moins trois ans. Bien qu'il ne soit pas propriétaire du site, c'est l'État qui financera ce chantier (*) et l'ADEME (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) qui en assurera la maîtrise d'ouvrage.
Les travaux s'effectueront en deux phases. La première consistera à construire une digue de protection le long de la Tardes pour éviter toute intrusion de la rivière sur le site. Cette digue servira aussi de voie d'accès aux résidences secondaires implantées en amont des anciennes mines.
En second lieu, les milliers de tonnes de déchets miniers contaminés par l'arsenic seront regroupés au centre du site avec les matériaux provenant de la démolition de tous les bâtiments de l'ancienne mine.
Ce gigantesque tas sera ensuite recouvert d'une épaisse membrane destinée à assurer une étanchéité totale et éviter tout ruissellement vers la Tardes. Puis, cette membrane sera recouverte de terre et végétalisée.
Ce programme de travaux n'est pas nouveau : il avait été déjà plus ou moins annoncé en 2002, mais plusieurs éléments ont retardé sa mise en ?uvre. L'un d'entre eux s'appelle le « grand rhinolophe », une espace rare de chauve-souris qui nichent sur le site et dont il a fallu imaginer la protection en prévoyant la construction d'une nouvelle tour où elles s'abriteront.
Mais ce volet ornithologique est finalement anecdotique dans un dossier qui aura mis plus de cinquante ans à sortir.
De 1955, date de l'arrêt de l'exploitation minière jusqu'au début des années 90, l'affaire n'a pas suscité beaucoup d'émoi. Ouvert à tous vents, le site s'est ainsi lentement dégradé, la pollution de la Tardes par l'arsenic s'écoulant au même rythme.
En 1990, le projet d'EDF de surélever son barrage de Rochebut sur le Cher sonne comme un réveil : on s'aperçoit alors que le projet va noyer les anciennes mines et le poison qu'elles contiennent.
Le projet de barrage fut abandonné, mais il faudra attendre 1999 pour que l'État confie à l'ADEME le soin de régler le problème. Et encore une dizaine d'années d'études et de contre-études pour qu'un projet de réhabilitation fasse l'unanimité et permette au préfet de la Creuse de décider, enfin, le lancement des travaux pour 2009.
C'est en 1896, lors de la construction de la ligne de chemin de fer et de la gare de Budelière-Chambon, Théodore Lassalle signale la présence de minerai d’or. Les premières années furent des années de recherches. Les premiers travaux ’exploitation commencèrent en 1905 et les principaux filons furent découverts entre 1905 et 1909. La même année.


L’extraction du minerai se fait par trois puits, le principal atteignant la profondeur de 323 mètres. A partir de ces puits, on ouvre les galeries qui permettent d’attaquer les filons. Pour le roulage on utilise des wagonnets basculcants tirés par des ânes. Ainsi, pour obtenir du métal, on doit passer par une suite d’opérations complexes : concassage, broyage, flottation, grillage, cynuration, chloruration, précipitation, et finalement un lingot est obtenu par fusion. L’utilisation de produits hautement toxiques et les techniques de forages en firent une mine particulièrement polluante pour l’environnement et dangereuse pour les mineurs. Pendant ces 50 ans d’activité, 350 employés y travaillèrent en permanence. On compta jusqu'a 3000 âmes à Evaux les bains.
En vous promenant dans le village, vous découvrirez l'architecture bien particulière des maisons du Châtelet. Elles sont construites en pierre du pays avec des chaînages et entourages d'ouvertures en briques. Constructions différentes selon les personnes : maison de contremaître, logement collectif, dortoir ou maisons d'ouvriers

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